mercredi 25 janvier 2017

CAN 2017: Le Gabon accueille l'Afrique

La 31e édition de la CAN s'annonce passionnante.

Une 31e édition pleine de promesses. La Coupe d’Afrique des nations 2017 reprend ses droits du 14 janvier au 5 février au Gabon, en Afrique centrale. La compétition la plus prestigieuse du continent rassemble encore une fois, la crème des équipes africaines. 16 prétendants pour succéder à la Côte d’Ivoire. Les Eléphants, privés de Hervé Renard (à présent entraîneur du Maroc) et de nombre de vedettes de l’épopée 2015, voudront prouver qu’ils peuvent encore barrir aussi fort qu’il y a deux ans. Des faits majeurs sont à retenir dans cette CAN 2017. Dans la poule A, les deux voisins d’Afrique centrale, le Cameroun et le Gabon, pays organisateur, se livreront un match qu’on espère d’anthologie, dans cette troisième rencontre de groupe, qui s’annonce comme une petite finale. 
Toujours dans cette poule A, la Guinée Bissau fait sa grande première à la CAN. Elle est parvenue à se qualifier pour la première phase finale de son histoire. L’exploit est d’autant plus frappant que les Bissau-Guinéens ont terminé en tête de leur groupe lors des éliminatoires, devant deux anciens champions d’Afrique : la Zambie et le Congo. L’Égypte, septuple champion d’Afrique, est de retour ! Absents des trois dernières éditions, les Égyptiens vont disputer cette année leur 23e Coupe d’Afrique. De gros absents sont à enregistrer dans cette CAN gabonaise. Le Nigeria, triple champion d’Afrique, manque sa deuxième CAN consécutive après son élimination dès le premier tour qualificatif par la République centrafricaine. Autres absents notables : le Soudan, titré en 1970 et l’Afrique du Sud, championne en 1996. En tout, dix des seize sélections présentes lors de la CAN 2015 seront présentes au Gabon.

Les 16 équipes de la CAN 2017

Groupe A
Groupe B
Groupe C
Groupe D
Burkina Faso

Algérie

Côte d’Ivoire

Egypte

Cameroun

Sénégal

Maroc

Ghana

Gabon

Tunisie

RDC

Mali

Guinée Bissau

Zimbabwe

Togo

Ouganda



dimanche 22 janvier 2017

CAN féminine 2016: Evolution technique remarquable!

Les Lionnes indomptables, comme les sept autres équipes du tournoi, ont affiché des prouesses satisfaisantes sur le plan tactique. Les différents compartiments du jeu se sont révélés moins brouillons qu'il y a quelques années. 

Discipline et application dans le jeu des équipes.

Huit équipes au début du tournoi, et au final, le Nigeria sur le toit de l’Afrique. Au terme de deux semaines intenses, le constat est positif : sur le plan de la technique et de l’application des systèmes de jeu, le football féminin est un cran au-dessus, c’est indéniable (même s’il est difficile de déterminer à quel moment précis il a atteint ce niveau de compétition, compte tenu de sa récente médiatisation). Déchets dans les combinaisons, contrôle et touches de balles imprécis, manque de coordination dans les passes, etc., sont désormais des fantômes du passé pour le ballon rond au féminin. 
Dans le groupe A, le Cameroun, en quatre matchs sur cinq, a assis sa domination dans tous les compartiments. La défense, avec notamment sa charnière centrale Manie-Awona et ses latérales Meffometou-Sonkeng, a imposé le respect des meilleures attaques de cette coupe d’Afrique, ne concédant qu’un seul but en finale contre le Nigeria. En défense de manière générale, il est important de citer des talents comme Janine Van Wyk doyenne et capitaine de l’Afrique du Sud, figure d’autorité et de témérité dans la surface de réparation. Et que dire du milieu de terrain des Lionnes (Feudjio-Ngock Yango-Ngo Mbeleck), créateur d’espaces et d’ouvertures propices à l’inspiration de joueuses comme Aboudi Onguene et Nchout Ajara ? C’est d’ailleurs au milieu de terrain, siège du génie créatif en football, que se sont gagnées nombre de batailles dans cette CAN. 
Raïssa Feudjio (Cameroun), Rita Chikwelu (Nigeria), Elizabeth Addo et Juliet Acheampong (Ghana) ont offert une nouvelle race de milieux multitâches, parées à la fois pour la récupération, la protection de la balle et des relances offensives fructueuses. L’attaque justement a eu elle aussi son lot de surprises et de confirmations. Les Nigérianes Desire Oparanozie et Asisat Oshoala, rusées et tellement efficaces, tiennent la palme d’or du placement et de la détection des failles dans les défenses adverses. Comment terminer sans les coups de cœur ? Le Zimbabwe de Rutendo Makore et le Mali de Bintou Diarra, toujours combatifs, mais tombés sur des os ultra solides. On a hâte d’être dans deux ans au Ghana.
Le Nigeria remporte sa huitième CAN féminine en glanant nombre de victoires tactiques durant deux semaines de tournoi.

Cameroun-Nigeria: Les «Super Falcons» à l’arraché

Finale CAN féminine 2016 (0-1) 
Un but assassin de Desire Oparanozie à la 83e minute anéantit les espoirs de tout le peuple camerounais. Le Nigeria remporte ainsi son huitième titre sur ce petit score (0-1) loin d’être le reflet de cette rencontre riche de duels tactiques et d’une haute bataille technique au milieu de terrain entre les deux meilleures équipes du continent. 
Les Nigérianes victorieuses d'un gros combat tactique.

Une célèbre rivalité. Le Cameroun et le Nigeria, en football masculin comme en football féminin, ne se lâchent pas d’une semelle. Et pour cette édition 2016 de la Coupe d’Afrique des nations féminine Lionnes Indomptables et « Super Falcons » se retrouvent pour une quatrième finale, après les rencontres de 1991, 2004 et 2014, toutes remportées par le Nigeria. Les Camerounaises une fois de plus, sont sorties défaites de cette finale, âprement disputée par les deux sélections. 
Les compos: 
Florence Omagbeni et Enow Ngachu ont opté tous les deux pour un 4-3-3 (avec une variante très proche du 4-2-3-1 pour le Nigeria : ce qui implique que les « Super Falcons » misent sur leurs milieux axiaux pour conquérir le moindre espace laissé par les Lionnes dans cette partie cruciale du terrain). Le 4-3-3 de Enow Ngachu reste assez traditionnel, avec la confiance maintenue à Raïssa Feudjio et Ngock Yango, avec l’appui de Nchout Ajara alignée dans l’axe, juste derrière la ligne d’attaque. Deux dispositifs qui justifient la bataille du milieu à laquelle se sont livrées toutes les finalistes. A la leçon de la conquête des espaces et de leur restriction pour confiner ses adversaires, les joueuses nigérianes ont souvent obtenu la meilleure note. Mais le Cameroun, tout au long de la rencontre, n’a pas cédé, du moins jusqu’à la 83e min. Une minute cruciale qui vaut au Nigeria d’être champion d’Afrique, pour la huitième fois. 
Le 4-3-3: préférence des deux entraîneurs.

Dans cette finale entre le Cameroun et le Nigeria, le milieu de terrain et l’attaque ont énormément fait parler d’eux. Mais la défense des Lionnes Indomptables, particulièrement sa charnière centrale, mérite le détour. Christine Manie et Aurelle Awona ont fait preuve d’un sang-froid et d’une complicité étonnante tout au long de la compétition. Cet état d’esprit ne déroge pas en finale. 
Solides sur leurs bases à l’arrière, elles ont également contribué à la beauté du jeu camerounais. Non pas avec des remontées percutantes, mais avec des relances intelligentes et rapides, qui ont permis de mener des contre-attaques efficaces. La polyvalence de Aurelle Awona a plusieurs fois été mentionnée. En finale, face à Oparanozie et Oshoala, elle a été maintes fois exploitée. Notamment pour pallier le manque de concentration de Meffometou à droite, souvent dépassée par les incursions de Oparanozie. 
(Image 1 : Awona protège un côté droit trop souvent laissé à l’abandon par Meffometou.)

Pour revenir à la « bagarre » tactique du milieu de terrain, les premières minutes de la rencontre pèsent en faveur du Cameroun. Aboudi Onguene est aux anges et se faufile avec toute sa technique et sa vélocité entre les lignes des joueuses du milieu nigérian, pénétrant dans leur surface pour décocher une frappe qui finira malheureusement au-dessus de la barre (3e min). Un moment de flottement que le milieu nigérian ne connaîtra plus pendant le reste de la rencontre. 
Raïssa Feudjio et Ngock Yango, souvent appuyées par (Nchout Ajara) ont semblé se camper dans une surprenante position défensive, laissant à Rita Chikwelu et aux autres « Super Falcons » du milieu, l’emprise sur les espaces et donc sur la majorité des phases de jeu. La coach nigériane, Florence Omagbemi s’est assurée que des défenseurs demeurent en permanence dans la zone dédiée aux attaquantes camerounaises. Gaëlle Enganamouit, pourtant puissante physiquement, s’est trouvée privée de ballons et n’a eu que peu d’occasions face à une défense nigériane bien organisée. 
(Image 2 : Le milieu de terrain nigérian ne laisse que peu d’espace à l’expression des joueuses camerounaises.)

Malgré toute cette possession nigériane, les Camerounaises offrent une belle résistance. Mais le bloc défensif des Lionnes est de plus en plus poussé dans ses derniers retranchements. Rita Chikwelu, porteuse du ballon, sert d’appât (voir l’illustration) et attire les Lionnes sur le côté droit, permettant à Oparanozie de trouver enfin la liberté qu’elle recherchait depuis le début du match. La passe est jouée rapidement dans un boulevard laissé par la défense camerounaise. Oparanozie, libre de tout marquage à gauche, n’a pas à s’égosiller pour armer la frappe et envoyer la balle au fond des filets. 1-0 en faveur du Nigeria. Le score restera figé jusqu’au coup de sifflet final. 
(Image 3 : La défense camerounaise regroupée à droite, oublie Oparanozie isolée à gauche avec un angle de tir inespéré.)

Les sept dernières minutes seront dédiées à la défense pour les Nigérianes, et à des assauts répétés et infructueux pour les Camerounaises. Ces quelques minutes dévoilent la lucidité des joueuses nigérianes, qui se transforment quasiment toutes en défenseures intrépides. Elles quitteront Yaoundé, trophée sous le bras.


dimanche 15 janvier 2017

Christine Patience Manie: Le roc !


Point fort imparable des Lionnes, la capitaine est une assurance tous risques en défense. La charnière centrale est sa zone de définition par excellence, et elle possède toutes les qualités indispensables à ce poste, avec une pointe de combativité et de courage, jamais de trop face à des attaques africaines de plus en plus coriaces.  
Christine Manie, femme courage.
Elle est l’âme des Lionnes. Depuis sa première CAN en 2006, alors qu’elle évoluait sous les couleurs de Canon Filles de Yaoundé, Christine Patience Manie est restée fidèle à la sélection. Médaillée d’or  et d’argent aux Jeux africains (2011 et 2015), finaliste lors de la dernière édition en Namibie, Manie, 32 ans, est de toutes les victoires, de toutes les défaites. D’une compétition à une autre, elle a assis sa réputation, celle d’une battante, intrépide, téméraire. La charnière centrale du Cameroun, sur laquelle elle règne en maîtresse, n’a concédé aucun but depuis le début de cette Coupe d’Afrique. 
Dans la défense à plat d’Enow Ngachu, Christine Manie est positionnée sur la même ligne que Marie-Aurelle Awona, l’autre défenseur central des Lionnes. Un duo complémentaire, car si Awona est particulièrement douée pour la récupération, Manie ajoute à cette faculté, la capacité de relance. Coriace défensivement, rapide et très bonne dans les duels, Manie, du haut de son 1m60 transporte un impressionnant bagage défensif. Priorité à la défense certes, mais Manie, peut enfiler sans complexe un rôle offensif. En dépit de son positionnement en retrait, Christine Manie est à la base de la construction de nombre d’actions. Elle fait constamment parler sa puissance, mais aussi sa technique. 
Le contrôle, la passe, la vision, l’anticipation, l’intelligence du déplacement… Manie donne tout pour contrer les attaques adverses. Elle est aussi la « tireuse » officielle des Lionnes. « Le football est un jeu d’équipe, et en tant que capitaine, vous devez prendre vos responsabilités. Je suis en charge des tirs de penalty, parce que tout le monde me fait confiance, les joueuses comme les coachs. Marquer n’est pas seulement la responsabilité des attaquants », rappelle-t-elle. Ce sang-froid au moment du pénalty (comme face à l’Egypte en match d’ouverture pour le 2-0) en dit long sur son état d’esprit combattif. Elle est un exemple pour ses coéquipières. Un courage qui sera déterminant ce 3 décembre 2016 en finale face à des Nigérianes rudes, véloces et inépuisables.

Christine Patience Manie
Taille: 1, 60 m
Poids: 65 kg
Âge: 32 ans




Marie-Aurelle Awona: La Tour de garde


Avec Christine Manie en charnière centrale des Lionnes, elle propose une défense en béton. Jeune défenseur, elle fait pourtant preuve d’une maturité surprenante et d’une polyvalence salvatrice dans la zone arrière. 
Awona, à la défense, elle assure.

Polyvalence. Quoi de mieux que ce mot de cinq syllabes pour décrire le jeu de Marie-Aurelle Awona ? Fait indiscutable, Awona est une arrière. Ce qui est moins certain en revanche, c’est la définition précise de sa zone de positionnement. La joueuse du club ASJ Soyaux en France se révèle tenace à gauche ou à droite au poste de latéral, mais elle est tout aussi intraitable en défense centrale (comme c’est le cas pour cette CAN avec les Lionnes). Vigilance et sérénité à la récupération, lucidité à la relance, Awona est un élément essentiel dans le bloc compact formé par le dispositif défensif de Enow Ngachu. 
En charnière centrale des Lionnes, Awona et la capitaine Manie, constituent une tour imprenable. Elle n’a que 23 ans, mais Awona s’impose déjà à ce poste de défenseur central, rôle qui pourtant se bonifie avec l’âge et l’expérience. Si la politique du football actuel veut que les 11 acteurs de l’effectif se concentrent sur l’attaque, Marie-Aurelle Awona assume tout à fait sa mission purement défensive. « C’est une battante, un vrai défenseur, quelqu’un qui va au contact, qui aime les défis physiques », analyse Gwendoline Djebbar, sa coéquipière de l’ASJ Soyaux. 
Passée par plusieurs clubs du championnat français de première division (Fontenay-Sous-Bois, Cergy Clos, Cergy Pontoise FC, Domont FC, Le Mans UC 72), ainsi que par les équipes nationales de France des moins de 19 ans et des moins de 16 ans, Awona enregistre sa première sélection avec les Lionnes en 2015, quelques mois avant la Coupe du monde au Canada. Elle brille désormais sous les couleurs du Cameroun, ce pays qui l’a vue naître, et qu’elle quitte à 6 ans. La CAN offre le retour de la fille « prodigue » et prodige.

Marie-Aurelle Awona
Taille: 1,71 m
Poids: 62 kg
Âge: 22 ans
Club: ASJ-Soyaux (France)