Un but assassin de Desire Oparanozie à la 83e minute anéantit les espoirs de tout le peuple camerounais. Le Nigeria remporte ainsi son huitième titre sur ce petit score (0-1) loin d’être le reflet de cette rencontre riche de duels tactiques et d’une haute bataille technique au milieu de terrain entre les deux meilleures équipes du continent.
Les Nigérianes victorieuses d'un gros combat tactique. |
Une célèbre rivalité. Le Cameroun et le Nigeria, en football masculin comme
en football féminin, ne se lâchent pas d’une semelle. Et pour cette édition
2016 de la Coupe d’Afrique des nations féminine Lionnes Indomptables et
« Super Falcons » se retrouvent pour une quatrième finale, après les
rencontres de 1991, 2004 et 2014, toutes remportées par le Nigeria. Les
Camerounaises une fois de plus, sont sorties défaites de cette finale, âprement
disputée par les deux sélections.
Les compos:
Florence Omagbeni et
Enow Ngachu ont opté tous les deux pour un 4-3-3 (avec une variante très proche
du 4-2-3-1 pour le Nigeria : ce qui implique que les « Super
Falcons » misent sur leurs milieux axiaux pour conquérir le moindre espace
laissé par les Lionnes dans cette partie cruciale du terrain). Le 4-3-3 de Enow
Ngachu reste assez traditionnel, avec la confiance maintenue à Raïssa Feudjio
et Ngock Yango, avec l’appui de Nchout Ajara alignée dans l’axe, juste derrière
la ligne d’attaque. Deux dispositifs qui justifient la bataille du milieu à
laquelle se sont livrées toutes les finalistes. A la leçon de la conquête des
espaces et de leur restriction pour confiner ses adversaires, les joueuses
nigérianes ont souvent obtenu la meilleure note. Mais le Cameroun, tout au long
de la rencontre, n’a pas cédé, du moins jusqu’à la 83e min. Une minute cruciale
qui vaut au Nigeria d’être champion d’Afrique, pour la huitième fois.
Le 4-3-3: préférence des deux entraîneurs. |
Dans cette finale entre
le Cameroun et le Nigeria, le milieu de terrain et l’attaque ont énormément
fait parler d’eux. Mais la défense des Lionnes Indomptables, particulièrement
sa charnière centrale, mérite le détour. Christine Manie et Aurelle Awona ont
fait preuve d’un sang-froid et d’une complicité étonnante tout au long de la
compétition. Cet état d’esprit ne déroge pas en finale.
Solides sur leurs bases
à l’arrière, elles ont également contribué à la beauté du jeu camerounais. Non
pas avec des remontées percutantes, mais avec des relances intelligentes et
rapides, qui ont permis de mener des contre-attaques efficaces. La polyvalence
de Aurelle Awona a plusieurs fois été mentionnée. En finale, face à Oparanozie
et Oshoala, elle a été maintes fois exploitée. Notamment pour pallier le manque
de concentration de Meffometou à droite, souvent dépassée par les incursions de
Oparanozie.
(Image 1 : Awona protège un côté droit trop souvent laissé à l’abandon par Meffometou.) |
Pour revenir à la « bagarre » tactique du milieu de terrain, les
premières minutes de la rencontre pèsent en faveur du Cameroun. Aboudi Onguene
est aux anges et se faufile avec toute sa technique et sa vélocité entre les
lignes des joueuses du milieu nigérian, pénétrant dans leur surface pour
décocher une frappe qui finira malheureusement au-dessus de la barre (3e min).
Un moment de flottement que le milieu nigérian ne connaîtra plus pendant le
reste de la rencontre.
Raïssa Feudjio et Ngock Yango, souvent appuyées par
(Nchout Ajara) ont semblé se camper dans une surprenante position défensive, laissant
à Rita Chikwelu et aux autres « Super Falcons » du milieu, l’emprise
sur les espaces et donc sur la majorité des phases de jeu. La coach nigériane,
Florence Omagbemi s’est assurée que des défenseurs demeurent en permanence dans
la zone dédiée aux attaquantes camerounaises. Gaëlle Enganamouit, pourtant
puissante physiquement, s’est trouvée privée de ballons et n’a eu que peu
d’occasions face à une défense nigériane bien organisée.
(Image 2 : Le milieu de terrain nigérian ne laisse que peu d’espace à l’expression des joueuses camerounaises.) |
Malgré toute cette possession nigériane, les
Camerounaises offrent une belle résistance. Mais le bloc défensif des Lionnes
est de plus en plus poussé dans ses derniers retranchements. Rita Chikwelu,
porteuse du ballon, sert d’appât (voir l’illustration) et attire les Lionnes
sur le côté droit, permettant à Oparanozie de trouver enfin la liberté qu’elle
recherchait depuis le début du match. La passe est jouée rapidement dans un
boulevard laissé par la défense camerounaise. Oparanozie, libre de tout
marquage à gauche, n’a pas à s’égosiller pour armer la frappe et envoyer la
balle au fond des filets. 1-0 en faveur du Nigeria. Le score restera figé
jusqu’au coup de sifflet final.
(Image 3 : La défense camerounaise regroupée à droite, oublie Oparanozie isolée à gauche avec un angle de tir inespéré.) |
Les sept dernières
minutes seront dédiées à la défense pour les Nigérianes, et à des assauts
répétés et infructueux pour les Camerounaises. Ces quelques minutes dévoilent
la lucidité des joueuses nigérianes, qui se transforment quasiment toutes en
défenseures intrépides. Elles quitteront Yaoundé, trophée sous le bras.
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