dimanche 22 janvier 2017

Cameroun-Nigeria: Les «Super Falcons» à l’arraché

Finale CAN féminine 2016 (0-1) 
Un but assassin de Desire Oparanozie à la 83e minute anéantit les espoirs de tout le peuple camerounais. Le Nigeria remporte ainsi son huitième titre sur ce petit score (0-1) loin d’être le reflet de cette rencontre riche de duels tactiques et d’une haute bataille technique au milieu de terrain entre les deux meilleures équipes du continent. 
Les Nigérianes victorieuses d'un gros combat tactique.

Une célèbre rivalité. Le Cameroun et le Nigeria, en football masculin comme en football féminin, ne se lâchent pas d’une semelle. Et pour cette édition 2016 de la Coupe d’Afrique des nations féminine Lionnes Indomptables et « Super Falcons » se retrouvent pour une quatrième finale, après les rencontres de 1991, 2004 et 2014, toutes remportées par le Nigeria. Les Camerounaises une fois de plus, sont sorties défaites de cette finale, âprement disputée par les deux sélections. 
Les compos: 
Florence Omagbeni et Enow Ngachu ont opté tous les deux pour un 4-3-3 (avec une variante très proche du 4-2-3-1 pour le Nigeria : ce qui implique que les « Super Falcons » misent sur leurs milieux axiaux pour conquérir le moindre espace laissé par les Lionnes dans cette partie cruciale du terrain). Le 4-3-3 de Enow Ngachu reste assez traditionnel, avec la confiance maintenue à Raïssa Feudjio et Ngock Yango, avec l’appui de Nchout Ajara alignée dans l’axe, juste derrière la ligne d’attaque. Deux dispositifs qui justifient la bataille du milieu à laquelle se sont livrées toutes les finalistes. A la leçon de la conquête des espaces et de leur restriction pour confiner ses adversaires, les joueuses nigérianes ont souvent obtenu la meilleure note. Mais le Cameroun, tout au long de la rencontre, n’a pas cédé, du moins jusqu’à la 83e min. Une minute cruciale qui vaut au Nigeria d’être champion d’Afrique, pour la huitième fois. 
Le 4-3-3: préférence des deux entraîneurs.

Dans cette finale entre le Cameroun et le Nigeria, le milieu de terrain et l’attaque ont énormément fait parler d’eux. Mais la défense des Lionnes Indomptables, particulièrement sa charnière centrale, mérite le détour. Christine Manie et Aurelle Awona ont fait preuve d’un sang-froid et d’une complicité étonnante tout au long de la compétition. Cet état d’esprit ne déroge pas en finale. 
Solides sur leurs bases à l’arrière, elles ont également contribué à la beauté du jeu camerounais. Non pas avec des remontées percutantes, mais avec des relances intelligentes et rapides, qui ont permis de mener des contre-attaques efficaces. La polyvalence de Aurelle Awona a plusieurs fois été mentionnée. En finale, face à Oparanozie et Oshoala, elle a été maintes fois exploitée. Notamment pour pallier le manque de concentration de Meffometou à droite, souvent dépassée par les incursions de Oparanozie. 
(Image 1 : Awona protège un côté droit trop souvent laissé à l’abandon par Meffometou.)

Pour revenir à la « bagarre » tactique du milieu de terrain, les premières minutes de la rencontre pèsent en faveur du Cameroun. Aboudi Onguene est aux anges et se faufile avec toute sa technique et sa vélocité entre les lignes des joueuses du milieu nigérian, pénétrant dans leur surface pour décocher une frappe qui finira malheureusement au-dessus de la barre (3e min). Un moment de flottement que le milieu nigérian ne connaîtra plus pendant le reste de la rencontre. 
Raïssa Feudjio et Ngock Yango, souvent appuyées par (Nchout Ajara) ont semblé se camper dans une surprenante position défensive, laissant à Rita Chikwelu et aux autres « Super Falcons » du milieu, l’emprise sur les espaces et donc sur la majorité des phases de jeu. La coach nigériane, Florence Omagbemi s’est assurée que des défenseurs demeurent en permanence dans la zone dédiée aux attaquantes camerounaises. Gaëlle Enganamouit, pourtant puissante physiquement, s’est trouvée privée de ballons et n’a eu que peu d’occasions face à une défense nigériane bien organisée. 
(Image 2 : Le milieu de terrain nigérian ne laisse que peu d’espace à l’expression des joueuses camerounaises.)

Malgré toute cette possession nigériane, les Camerounaises offrent une belle résistance. Mais le bloc défensif des Lionnes est de plus en plus poussé dans ses derniers retranchements. Rita Chikwelu, porteuse du ballon, sert d’appât (voir l’illustration) et attire les Lionnes sur le côté droit, permettant à Oparanozie de trouver enfin la liberté qu’elle recherchait depuis le début du match. La passe est jouée rapidement dans un boulevard laissé par la défense camerounaise. Oparanozie, libre de tout marquage à gauche, n’a pas à s’égosiller pour armer la frappe et envoyer la balle au fond des filets. 1-0 en faveur du Nigeria. Le score restera figé jusqu’au coup de sifflet final. 
(Image 3 : La défense camerounaise regroupée à droite, oublie Oparanozie isolée à gauche avec un angle de tir inespéré.)

Les sept dernières minutes seront dédiées à la défense pour les Nigérianes, et à des assauts répétés et infructueux pour les Camerounaises. Ces quelques minutes dévoilent la lucidité des joueuses nigérianes, qui se transforment quasiment toutes en défenseures intrépides. Elles quitteront Yaoundé, trophée sous le bras.


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